
Imaginez les salles de sport de demain : exit les Basic Fit ! place aux Science Fit ! des tapis roulant avec des compteurs de lactate prélevés dans …vos cerveaux !
Aldous Huxley (l’auteur du « meilleur des monde » n’y aurait pas pensé, bien que Aldous fût le frère du prix Nobel de Physiologie Alfred Huxley qui a découvert des mécanismes ioniques de la transmission nerveuse. https://fr.wikipedia.org/wiki/Potentiel_d%27action
Une collègue avait démontré, il y a presque 30 années (1996) la validité de réguler la concentration de lactate sanguin pendant la course par les évaluations de la perception de l’effort (RPE)
(Nancy M. Stoudmire, Laurie Wideman, Kimberly A. Pass, Christina L. McGinnes, Glenn A. Gaesser, et Arthur Weltman) dans Medicine & Science in Sports & Exercise, avril 1996
Objectif :
L’étude visait à déterminer si les évaluations de la perception de l’effort (RPE) pouvaient servir à réguler efficacement les niveaux de lactate sanguin durant une course sur tapis roulant de 30 minutes, afin d’atteindre des cibles précises de concentration de lactate (2,5 mM et 4,0 mM).
Méthodologie :
– Participants :Neuf sujets sains, actifs récréativement (5 hommes et 4 femmes).
– Protocole : Les participants ont d’abord réalisé une course incrémentielle pour établir les correspondances entre RPE, consommation d’oxygène (VO2), vitesse (V), fréquence cardiaque et niveaux de lactate sanguin.
– Test principal : Deux courses de 30 minutes à des RPE correspondant aux concentrations cibles de lactate mesurées lors de l’incrément initial.
Résultats principaux :
– Pour RPE correspondant à 2,5 mM de lactate :La concentration de lactate est restée proche de la cible pendant 25 minutes, augmentant significativement seulement durant les dernières 5 minutes.
– Pour RPE correspondant à 4,0 mM de lactate : La concentration de lactate est restée proche de 4,0 mM tout au long de la course, bien que la vitesse ait dû être réduite progressivement pour maintenir cette concentration.
Conclusion :
L’étude conclut que la RPE est un outil valide pour prescrire des intensités d’exercice basées sur des concentrations spécifiques de lactate sanguin. Cela suggère que les entraîneurs et les athlètes peuvent utiliser la RPE pour ajuster l’intensité de l’exercice de manière non invasive, évitant ainsi des mesures de lactate fréquentes et invasives.
Vous n’avez plus besoin de prélever le lactate sanguin (et cela coûte un bras !) pour savoir que votre coureur(se) est à son état stable de lactate de 2,5 mM (sans avoir besoin de baisser la vitesse pendant 25 min) , ou à 4 mM (avec la baisse de vitesse).
Depuis nous savons que au-delà une valeur fixe de lactate à 2, 3, 4, 5 etc.. il importe de connaître à quelle valeur maximale on peut se stabiliser. Ce fut l’objet de ma thèse en …1988 😂
Donc on peut savoir que le coureur à son intensité « moyenne » est dans cette zone de stabilisation maximale du lactate correspondant d’ailleurs à un début d’hyperventilation qui signe l’élimination des protons H+ par els bicarbonates de notre sang (HCO3-) ^pour produire du CO2 avec une élévation de la pression artérielle en CO2 provoquant…l’hyperventilation CQFD !
Ce que l’on ressent c’est cette augmentation de la fréquence respiratoire et on se cale dessus (on varie notre vitesse), afin d’éviter qu’elle n’augmente de façon exponentielle.
Implications pratiques :
– Pour les entraîneurs et athlètes : La RPE de la « zone moyenne » de billatraining (13-14) peut être utilisée pour ajuster l’intensité de l’entraînement de manière autonome et personnalisée, en fonction des réponses physiologiques du corps à l’effort. Cette méthode suggère que la RPE peut être un outil précieux pour prescrire l’intensité de l’entraînement sans dépendre constamment de mesures physiologiques invasives.
Notre méthode d’entraînement à la sensation propose une approche où l’athlète apprend à écouter et à interpréter ses propres sensations physiques et physiologiques pour réguler l’intensité de l’entraînement. On met l’accent sur le développement d’une compréhension intuitive de l’effort qui pourrait correspondre à différents niveaux de performance physiologique, tels que la vitesse à l’endurance ou la vitesse maximale aérobie (VMA). Cette approche est moins dépendante des mesures instrumentales et plus axée sur l’expérience subjective de l’athlète.
Oui 30 ans pour se libérer définitivement du lactate sanguin, cela fait beaucoup de mesures et d’encre pour finalement revenir à l’essentiel : la sensation de course !
Toute la question est à présent de relever le compteur de la …confiance en soi et en ses athlètes qui n’ont plus confiance en eux !

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