l’article scientifique sur les profils physiologiques de ces coureurs Kenyans qui s’entraînaient avec des méthodes différentes

Résumé de l’article : Caractéristiques d’entraînement et bioénergétiques chez les coureurs d’élite kenyans masculins et féminins

Objectif : Cette étude compare les caractéristiques d’entraînement et les profils physiques des coureurs kenyans de haut niveau, hommes et femmes, spécialisés dans les courses de fond.

Méthode : Les sujets étaient 20 coureurs kenyans d’élite : 13 hommes (temps de performance de 10 km : 28 min 36 s ± 18 s) et 7 femmes (32 min 32 s ± 65 s). Les hommes ont été divisés en deux groupes en fonction de leur vitesse d’entraînement : haute vitesse (HST : N = 6) et basse vitesse (LST : N = 7). Les femmes, sauf une, s’entraînaient toutes à haute vitesse (HST : N = 6). Les sujets ont réalisé un test progressif sur une piste de 400 m pour déterminer leur VO2max, la vitesse associée à VO2max (vVO2max) et la vitesse au seuil de lactate (vLT).

Résultats : Pour chaque sexe, parmi les HST, le temps de performance sur 10 km était inversement corrélé avec vVO2max (rho = 0,86, P < 0,05 pour les hommes ; rho = 0,95, P < 0,03 pour les femmes). Les hommes HST avaient un VO2max plus élevé, une fraction de vVO2max (FVVO2max) au seuil de lactate plus basse (mais non significative), et un coût énergétique de course (ECR) plus élevé. Parmi les hommes, la distance d’entraînement hebdomadaire à vVO2max expliquait 59 % de la variance de vVO2max, et vVO2max expliquait 52 % de la variance du temps de performance sur 10 km. Les femmes kenyanes avaient un VO2max élevé et une FVVO2max à vLT plus basse que leurs homologues masculins HST. L’ECR n’était pas significativement différent entre les sexes.

Conclusion : La vitesse à VO2max est le principal facteur prédictif de la variance de la performance sur 10 km chez les hommes et les femmes, et l’entraînement à haute intensité contribue à ce VO2max plus élevé chez les hommes.

Mots-clés : Afrique, VO2max, consommation d’oxygène, course, performance

L’Afrique de l’Est produit actuellement une multitude de coureurs de fond et de demi-fond d’élite. Une combinaison de génétique, d’entraînement, d’environnement, de mode de vie et de facteurs sociaux est impliquée. Plusieurs études ont examiné les différences dans les déterminants physiologiques de la performance de fond (10 km à marathon) chez les coureurs caucasiens et africains hautement entraînés.

Cette étude est la première à rapporter les caractéristiques d’entraînement et les performances des femmes kenyanes de fond d’élite et à examiner l’association entre les types d’entraînement, les caractéristiques physiques et les performances. Cependant, il faut noter que cette étude est transversale et non un essai d’intervention randomisé, ce qui signifie que les caractéristiques bioénergétiques des groupes d’entraînement à haute et basse intensité pourraient être dues à une présélection.

Les coureurs kenyans d’élite, hommes et femmes, présentent des caractéristiques physiologiques différentes selon leur type d’entraînement (HST vs LST), et les femmes ont une vVO2max élevée combinée à une excellente endurance mais une capacité d’endurance inférieure à celle des hommes ayant le même type d’entraînement. Les coureurs LST ont une endurance plus élevée que les hommes HST mais une vVO2max plus basse. Le coût de la course n’est apparemment pas affecté par le sexe ou le type d’entraînement.

Enfin, il est important de considérer ces diversités d’entraînement lors de la comparaison avec les coureurs caucasiens.

TABLEAU 1. Facteurs physiologiques pour le temps de performance sur 10 km parmi les groupes HST et LST, et les coureurs HST hommes et femmes. Effet de genre : Femmes vs Hommes dans les deux groupes HST.

FacteursHSTLSTEffet de genre : Femmes vs HommesP HST vs LST parmi les hommes
Âge (ans)26,5 ± 3,627,4 ± 4,126,5 ± 3,60,61
Poids (kg)53,8 ± 4,756,7 ± 3,753,8 ± 4,70,28
Taille (cm)170 ± 4173 ± 4170 ± 40,17
Masse grasse (% du poids corporel)6,6 ± 1,17,4 ± 1,86,6 ± 1,10,17
Âge de début de l’entraînement de course (ans)15,2 ± 1,815,4 ± 1,515,2 ± 1,80,76
Temps de performance sur 10 km (min, s)28 min 15 s ± 15 s28 min 54 s ± 33 s28 min 15 s ± 15 s0,03
Vitesse sur 10 km (km/h)21,2 ± 0,420,8 ± 0,421,2 ± 0,40,03
Vitesse sur 10 km (% vVO2max)93,8 ± 1,991,8 ± 1,993,8 ± 1,90,06
VO2max (mL/kg/min)78,4 ± 2,174,7 ± 2,678,4 ± 2,10,01
vVO2max (km/h)22,7 ± 0,621,6 ± 0,422,7 ± 0,60,01
vLT (km/h)20,2 ± 0,419,9 ± 0,420,2 ± 0,40,01
v50 (km/h)21,4 ± 0,420,8 ± 0,421,4 ± 0,40,01
FVVO2max (% vLT)88,9 ± 2,591,8 ± 1,288,9 ± 2,50,08
ECR (mL/kg/km)214 ± 6203 ± 8214 ± 60,01

Légende :

  • HST : Coureurs d’entraînement à haute vitesse
  • LST : Coureurs d’entraînement à basse vitesse
  • vLT : Vitesse au seuil de lactate
  • v50 : Vitesse intermédiaire entre vLT et vVO2max
  • VO2max : Consommation maximale d’oxygène
  • FVVO2max : Fraction de vVO2max

Les résultats montrent des différences significatives entre les groupes HST et LST, notamment en termes de VO2max, de vVO2max et de vitesse sur 10 km, avec les coureurs HST présentant de meilleures performances globales. Les différences entre hommes et femmes HST montrent que les femmes ont des caractéristiques physiologiques légèrement différentes, mais aussi des performances élevées dans leurs catégories respectives.

TABLEAU 2. Réponses physiologiques maximales et sous-maximales mesurées lors du test incrémental parmi les groupes d’entraînement à haute vitesse et basse vitesse (HST vs LST) et les coureurs HST hommes et femmes.

FacteursHST (N = 6)LST (N = 7)Effet de Genre : Femmes vs HommesP HST vs LST parmi les hommes
HRmax (battements/min)186 ± 5187 ± 6186 ± 50.72
HR à vLT (battements/min)177 ± 4177 ± 7177 ± 40.01
[L] pic (mM)10,4 ± 4,39,3 ± 3,910,4 ± 4,30.15
[L] pic à vLT (mM)1,8 ± 0,62,0 ± 0,81,8 ± 0,60.52
RERmax1,03 ± 0,031,05 ± 0,041,03 ± 0,030.38
Nombre de sujets ayant atteint un plateau de VO2max à la fin du test incrémental (N oui/N non)5/13/45/10.28

Explications :

  • HRmax (battements/min) : Fréquence cardiaque maximale
  • HR à vLT (battements/min) : Fréquence cardiaque à la vitesse du seuil de lactate
  • [L] pic (mM) : Concentration maximale de lactate
  • [L] pic à vLT (mM) : Concentration de lactate à la vitesse du seuil de lactate
  • RERmax : Ratio d’échange respiratoire maximal

Les résultats montrent que les réponses physiologiques maximales et sous-maximales ne diffèrent pas significativement entre les groupes d’entraînement à haute et basse vitesse (HST vs LST), à l’exception de la fréquence cardiaque à la vitesse du seuil de lactate, qui est significativement plus élevée chez les hommes.

TABLEAU 3. Journal d’entraînement des coureurs HST hommes et femmes et des coureurs LST hommes ; lorsque le nombre n’est pas spécifié, cela signifie que les cinq coureurs ont effectué ce type d’entraînement.

Facteurs d’entraînementHST (N = 6)LST (N = 7)Effet de genre : Femmes vs Hommes dans les deux groupes HSTP HST vs LST parmi les hommes
Distance hebdomadaire totale (km)158 ± 19174 ± 17158 ± 190.38
Distance hebdomadaire parcourue à vLT (km)10,8 ± 8,625,4 ± 13,010,8 ± 8,60.03
Distance hebdomadaire parcourue à vLT (% total distance hebdomadaire)N = 3N = 2N = 3
Distance hebdomadaire parcourue à v50 (km)6,9 ± 5,614,4 ± 6,82,4 ± 4,2 N = 10.08
Distance hebdomadaire parcourue à v50 (% total distance hebdomadaire)N = 3N = 24,3 ± 7,8
Distance hebdomadaire parcourue à vVO2max (km)6,8 ± 3,86,8 ± 5,04,8 ± 5,5 N = 40.06
Distance hebdomadaire parcourue à vVO2max (% total distance hebdomadaire)N = 3N = 28,0 ± 2,8

Explications :

  • HST (N = 6) : Coureurs d’entraînement à haute vitesse
  • LST (N = 7) : Coureurs d’entraînement à basse vitesse
  • P : Valeur p indiquant la significativité statistique des différences entre les groupes

Les résultats montrent que les coureurs LST ont parcouru une distance hebdomadaire totale légèrement supérieure à celle des coureurs HST, bien que cette différence ne soit pas statistiquement significative. Cependant, les coureurs LST ont parcouru une distance hebdomadaire significativement plus élevée à la vitesse de seuil de lactate (vLT) par rapport aux coureurs HST. La distance parcourue à v50 n’est presque pas significativement différente entre les groupes.

Il y a également des différences significatives entre les hommes et les femmes HST en termes de distance hebdomadaire totale parcourue, avec les femmes courant moins de kilomètres par semaine que les hommes.

Une réponse à “l’article scientifique sur les profils physiologiques de ces coureurs Kenyans qui s’entraînaient avec des méthodes différentes”

  1. Avatar de Heraclide
    Heraclide

    interessant :

    cela signifie t’il qu’il vaut mieux privilégier un plus long temps de course à vLT ? ( dans l’étude autour de 10% de la distance hebdo) et cette distance que doit elle représenter ? est ce un minimum, un % de qqch ou autre ?

    Peu de coureurs amateurs ont vraiment la possibilité de faire plus de 100km hebdo. cette distance peut influer le % à vLT ?

    Quelle raison y a t’il à un effort en km plus faible pour les féminines à vVO2max (aujourd’hui je ne fais pas de différence je m’interroge sur la pertinence de modifier cet aspect).

    merci d’avance.

    David

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