Quel VO2max minimum pour gravir l’Everest avec Oxygène ?

Il ne suffit pas de sortir 55 k€ de sa poche (profonde certes),

Il faut s’entraîner et Inox tag a le mérite d’avoir fait prendre conscience de cela aux jeunes qui le suivent et qui sont restés plus de 2h devant son film (soit 120 fois plus qu’un short sur TikTok.

😂👏

Nous avons vu dans le dernier Blog comment avec mes élèves nous avions calculé avec succès (vérifié dans le film Kaizen) son VO2max de 52 ml.min-1.kg-1

J’ai déjà préparé et conseillé des sumiters qui ont réussi l’ascension avec oxygène et qui avaient au départ un VO2max de 45 ml.min-1.kg-1 (une femme).

Je vous expliquerai comment, avec quel type d’entraînement basé sur la capacité anaérobie puisque de toutes les façons il n’y a pas assez d’oxygène pour compenser la perte de son VO2max à l’attitude.

La relation entre la VO₂max (consommation maximale d’oxygène) et l’altitude est bien documentée, la VO₂max diminuant à mesure que l’altitude augmente en raison de la réduction de la disponibilité de l’oxygène. En effet, à mesure que l’altitude augmente, la pression partielle d’oxygène diminue, limitant la capacité du corps à transporter et à utiliser efficacement l’oxygène. À des altitudes très élevées, comme au sommet du Mont Everest (8848 mètres), la VO₂max peut chuter à seulement 20-30 % de la valeur au niveau de la mer.

Car oui, en effet, vous n’aurait que 20% de votre VO2max à 8848m (Figure1)

Nous sommes loin des pertes de l’altitude de Font Romeu, Ifrane, et leurs 1500-2000m (figure 2)

oxygène et sans bouteilles :

Dans mon dernier livre (6eme édition de la Physiologie de l’Entraînement et de la performance,

je vous donne un tableau reliant la vitesse ascensionnelle et votre VO2max en fonction de la pente et du coût énergétique. A ce propos, nous avons démontré dans un de nos articles scientifiques ayant comparé le coût énergétique de sumiters de l’Everest et de joggers montant gravissant le Montblanc, que le coût énergétique des alpinistes aguerris était deux fois moins élevé pour chaque mètre ascensionnel et kilo de poids de corps. D’où la nécessité ABSOLUE de se préparer à marcher avec des crampons. Je précise que ces deux groupes étaient appariés en VO2max (55 ml.min-1.kg-1 de moyenne).

Donc nous allons nous livrer à un petit calcul avec la formule A pour calculer le temps d’ascension de l’Everest avec nos 52 ml.min-1.kg-1

Je vous ai mis dans cet Excel en partant de la colonne de gauche :

  1. La vitesse maximale aérobie ascensionnelle en fonction de l’altitude en partant du camp de base et en faisant la moyenne de l’altitude entre deux camps (il y en a 4 voir le descriptif de l’ascension type sur un site commercial et je précise que ce n’est pas un placement de produit au contraire ! mais il est bien fait pour surtout attirer le chaland qui trouve que la vie est trop facile pour lui au quotidien et qui a envie de se lancer un défi pour devenir « la meilleure version de soi-même » 👏😂 cela va de 705 m sur la plaine à 81 m/h de VMA ascensionnelle entre les camps 4 et l’Everest sur 2 min d’effort ou 3 peut être dans sac !! sur un terrain cool ! sans la queue du ressaut Hillary
  1. J’ai pris un coût énergétique de 45% de pente (moyenne sur l’Everest) et pour des marcheurs habitués à cramponner (4 ml d’O2.kg-1 .m.h-1)

A noter que votre VO2max tombe à 10 ml.min-1.kg-1 entre le camp 4 et l’Everest.

D’ailleurs votre VO2 de repos est déjà de 5 ml.min-1.kg-1 pour simplement …vivre.

Nous arrivons à durée d’ascension à 13 heures qu’il faut multiplier par 2 car on ne peut tenir que 50% de sa VMAa sur des durées journalières moyennes de 8 h à chaque étape entre le camp de base (5400m) et le sommet en passant par 4 camps.

Souvenons-nous que Deux incroyables alpinistes ont réussi à gravir l’Everest sans oxygène : A tout seigneur Tout Honneur Marc Batard :

  • 26 septembre 1988 : le Français Marc Batard réussit l’ascension en solitaire, sans assistance respiratoire, en 22 heures et 30 minutes depuis le camp de base (face Sud).
  • Puis, 30 après, 20 mai 2017 : Kílian Jornet, atteint le sommet de l’Everest en 26 heures, depuis le monastère de Rongbuk à 5 100 m, par la voie normale tibétaine, en « style alpin », sans bouteilles d’oxygène, sans cordes fixes et sans l’aide de sherpas. Au total, l’ascension et le retour au campement de base avancé (il n’a pas pu continuer jusqu’au point de départ comme prévu) est réalisé en un peu plus de 38 h. Depuis le camp de base avancé (6 500 m), il effectue une nouvelle ascension de l’Everest quelques jours plus tard, toujours sans bouteilles d’oxygène, sans cordes fixes et sans l’aide de sherpas, en 17 h.
  • Cela nous donne une vitesse ascensionnelle pour Marc et Killian de 153 m/h et 144m/h respectivement.

A 70 ans Marc avait encore 52 ml.min-1.kg-1 de VO2max comme Inoxtag à presque 50 années de moins !

Il va d’ailleurs retenter l’aventure avec des femmes championnes dans leur spécialité conférence de presse jeudi et je vous en reparle dimanche!

Reprenons notre raisonnement:

dénivelléSuddéniv Nvitesse asc Mavitesse Kill
3448m3748m153m/h144m/h
  • Camp de base côté sud (Népal) : Le camp de base sud, situé à environ 5 364 mètres d’altitude, est le point de départ le plus commun pour l’ascension de l’Everest. La distance horizontale totale à parcourir pour atteindre le sommet de l’Everest depuis ce camp est d’environ 20 kilomètres. Cependant, cette distance varie en fonction des conditions de terrain et des itinéraires empruntés, notamment via le col Sud (South Col) et le long de la crête sud-est.
  • Camp de base côté nord (Tibet) : Du côté nord (Tibet), le camp de base est situé à une altitude légèrement plus basse, à environ 5 150 mètres. La distance horizontale à parcourir depuis le camp de base nord jusqu’au sommet est aussi d’environ 22 kilomètres, en fonction des déviations possibles et des stratégies d’ascension.
  • Bien que ces distances ne soient pas extrêmement longues, l’altitude, le terrain escarpé, les crevasses, les conditions météorologiques et l’équipement lourd rendent cette ascension extrêmement difficile et dangereuse.

https://www.expeditions-unlimited.com/fr/expeditions/expeditions-plus-de-8000-metresJours 20 à 53 : Ascension de l’Everest (8848 m)

La semaine prochaine nous vous donnerons la méthode d’entraînement qui m’a permis de bien préparer Nathalie Lamoureux qui a pu réussir l’Everest et en a même écrit un ouvrage que je vous recommande chaudement dans lequel elle explique bien sa préparation avec ses mots et son ressenti. Elle avait compris la démarche et sa logique. Alors je vous l’explique dans 7 jours !

Elle en parle dans un article du point où elle est journaliste grand reporter

« Les recherches sur l’hypoxie n’ont pas révélé tous leurs secrets. On sait que, du fait de la dégradation plus ou moins marquée d’une enzyme, certaines personnes sont moins bien armées que d’autres pour affronter la baisse de la pression de l’air dès 1 500 mètres d’altitude. On sait aussi qu’à partir de 6 000 mètres l’organisme ne s’acclimate plus – exception faite des peuples d’altitude qui ont développé, sur des générations, d’énormes cages thoraciques pour capter les molécules d’oxygène. Pour bien s’acclimater, les spécialistes préconisent une montée lente par paliers (pas plus de 500 mètres par jour).

Toujours plus de dénivelé

Pendant trois années consécutives, j’ai participé aux travaux du professeur Véronique Billat, de l’université d’Évry sur la très haute altitude, dans le but de repenser le concept des expéditions. Je suis montée deux fois sans oxygène à 8 000 mètres et à 8 300 mètres, par la face tibétaine, puis une fois à 8 700 mètres, avec oxygène, sur le versant népalais. Il s’agissait d’expérimenter une autre approche fondée sur des séjours plus courts et des allers et retours limités entre les camps d’altitude afin de limiter l’épuisement des ressources vitales. Cette expérience a permis de recueillir des données scientifiques et de valider une méthode d’entraînement innovante, puisque nous avons pu progresser, en moins d’un mois, sans acclimatation préalable (alti-trainer). Les tests effectués après coup ont révélé, par ailleurs, une amélioration des performances respiratoires ainsi qu’une perte musculaire très faible. Un épuisement des ressources limité, donc.

L’expérience a permis de vérifier que, bien acclimaté, le corps récupère souvent mieux après un effort intense qu’après plusieurs efforts mitigés. Il peut être préférable de passer directement de 5 200 mètres à 6 400 mètres plutôt que de bivouaquer à 5 800 mètres pour une nuit blanche qui se révélera plus épuisante. Ce qui n’est pas contradictoire avec la théorie des paliers.

Après 6 000 mètres, la saturation du sang en oxygène descend en dessous de 60 % : le seuil anaérobie – la capacité à tenir le plus longtemps possible à 95 % de sa fréquence cardiaque maximale – est dépassé, quelle que soit la personne. L’effort est effectué avec les réserves limitées des sprinters qui ne peuvent durer longtemps. C’est comme si on courait un 100 mètres, mais à 50 m/h. Cette énergie est puisée directement dans le muscle sollicité, qui se met à « fondre », car la protéine n’est plus synthétisée.

C’est pourquoi il faut rester le moins longtemps possible dans les hautes sphères, privilégier une acclimatation entre 4 000 et 5 500 mètres. Faire une pointe à 6 000 mètres permet de booster l’organisme sans risquer l’épuisement. Enfin, un entraînement en fractionné (répétitions d’efforts intenses par intervalles) est nécessaire pour développer la puissance afin de limiter l’usage de l’oxygène. Mais personne ne songe à cela. La tendance est à toujours plus de dénivelé et d’allers et retours, comme pour se rassurer. À l’image du sportif qui va courir son premier marathon et qui, pour se sentir bien dans sa tête, a besoin d’effectuer ses 30 kilomètres une semaine avant l’épreuve. La différence, c’est que, sur l’Everest, que ce soit pour soutenir une cause ou pour flatter son nombril, on met sa vie en péril. Ce genre de défi s’apparente à du sport, mais, au fond, il relève davantage de la quête intime. Nous n’incitons personne à s’y risquer. »

©Lamoureux/DR

https://www.lepoint.fr/art-de-vivre/l-everest-jusqu-a-l-epuisement-04-10-2012-1513301_4.php#11

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