
Cette semaine j’ai eu une expérience de cours intense en faisant le grand écart entre les étudiants de première année de Licence (18 ans) que je dois motiver pour s’intéresser à la physiologie de l’exercice en leur parlant de l’ascension de l’Everest par Inox Tag et les étudiants de Master international Paris-Saclay Evry à qui je devais parler de planification de l’entraînement.
C’est alors que j’ai dû répondre à un médecin militaire qui suit le Master (de nationalité française parmi des Chinois, maltais, indien, libanais, colombien…et d’autres français).
OBJECTIF de planification pour être prêt pour résister à un stage commando en Guyane.
Le souci de ce médecin militaire était de devoir planifier l’entraînement de soldat en partance pour un stage commando de 4 semaines comprenant le « douillet » menu » :
– 3 semaines de stage commando, 1 semaine d’examens contrôle
– 10 hommes âgés de 20 à 35 ans
– qui courre déjà entre 3 et 5 jours par semaine entre 8 et 15 km
– qui vont à la salle de sport entre 3 et 5 fois par semaine
– Objectif : réussir les tests
– Calendrier : 3 mois de préparation pré stage
– Attention aux OTS avant même la formation au commandement : La phrase « Attention aux OTS avant même la formation au commandement » signifie qu’il faut être vigilant face au risque de syndrome de surentraînement (OTS, Overtraining Syndrome), même avant de commencer la formation commando. Cela implique que les participants pourraient déjà être exposés à une charge d’entraînement excessive pendant la préparation physique préalable, ce qui pourrait nuire à leurs performances et à leur capacité à suivre la formation. Le syndrome de surentraînement se manifeste par des symptômes tels que :
– Une fatigue persistante et disproportionnée.
– Une baisse des performances physiques.
– Des troubles du sommeil, de l’appétit ou de l’humeur.
– Une vulnérabilité accrue aux blessures et aux maladies.
Cela souligne l’importance d’un suivi rigoureux de la charge d’entraînement, de périodes de récupération suffisantes et de l’évaluation régulière de l’état de forme des participants pour éviter ce problème car à l’issu de ce « stage » il s’est déjà avéré que 75% des participants échoués aux tests de contrôle en raison d’une blessure qui pouvait entraîner jusqu’à 1 année d’indisponibilité !
D’où la remise en question du mode de sélection au stage sur de simples tests pré stage non sélectifs ? Les tests préliminaires sont-ils adaptés aux besoins physiologiques d’un entraînement de 4 semaines ? je vous laisse juge voici donc ces tests :
En effet, les tests prévus étaient les suivants :
-Tests musculaires (tenue de combat) :
– Force et endurance : 1 corde de 3 mètres sans les jambes ou 23 mètres avec les jambes
– Force et endurance : 20 squats + 100 m de course + 3 tractions militaires en pronation complète + 10 m de course + 30 abdominaux complets + 100 m de course + 10 pompes + 100 m de course < 4 min 30 sec
– 4 tractions militaires en pronation complète
– 41 pompes
Natation
– 100 m (dont 15 m d’apnée) < 2 min 24 (meilleur < 1 min 57) (1,4 m/sec)
– 50 m en tenue de combat + 5 m en apnée sans impulsion
– Récupérer un objet lesté à une profondeur de 3 m sans plonger
Course à pied
– 8 km en tenue de combat + armes + protection balistique + sac à dos de 8 kg <1H
– 2400 m <9 min 30 3 :52 min/km bien utilisé par les armées (voir références).
La littérature internationale fait le point sur l’évolution du VO2max estimé par ce test de 2400 m.
Voici une synthèse des principaux résultats des articles sur le VO2max et les performances
les hommes présentent généralement des valeurs de VO2max plus élevées que les femmes, en raison de différences physiologiques concernant la masse corporelle maigre.
Cependant, les femmes ont vu leur VO2max s’améliorer au fil des décennies, peut-être en raison de changements dans la formation physique et les critères de recrutement. Les hommes ont 50 ml/min.kg de VO2max en 2024 et les femmes 47 ml/min.kg. En 1975 les hommes avaient les mêmes valeurs alors que les femmes n’étaient qu’à 36 ml/min.kg
-Le Rôle de la force, de la puissance et du VO2max pour les tâches de combat :
– les tâches nécessitant de brefs efforts intenses, telles que des sprints et des tractions de victimes sous charge lourde, sont fortement corrélées à une moindre force et puissance au niveau des membres inférieurs. La VO2max joue un rôle moindre dans de tels scénarios, mais reste importante pour l’endurance soutenue.
– Transport de charge : La capacité à transporter des charges lourdes sur de longues périodes est influencée par la fois par la capacité aérobie (VO2max) et par l’endurance musculaire. Les soldats plus hauts de taille avec une plus grande masse corporelle maigre ont tendance à réussir mieux dans ce type de tâche.
– Optimisation de la condition physique opérationnelle : des programmes mettant l’accent à la fois sur l’endurance et sur les capacités anaérobies sont essentiels pour maintenir le VO2max et le niveau de condition physique général.
Des interventions spécifiques, comme l’intervalle training et le cross-training, aident à améliorer l’endurance et à réduire les risques de blessure.
– Surveillance et évaluation : Évaluation régulière de la condition physique, incluant le VO2max, la composition corporelle et la force, est nécessaire pour adapter les programmes d’entraînement et améliorer la préparation aux missions.
Conclusion
Le VO2max est un indicateur crucial de la condition physique aérobie et joue un rôle significatif dans les opérations militaires continues, bien que la force et la puissance soient également importantes pour les tâches exigeantes.
PS:
Tout comme l’entraînement d’Inox Tag qui s’est entraîné pendant 1 an pour tout apprendre des efforts en montagne et qui a couru, pédaler pour atteindre un VO2max de 50 ml/min.kg également. Valeur minimale pour non seulement monter mais surtout redescendre des sommets. Il a découvert l’effort dans ce défis qui l’a sorti, à 21 ans, des jeux vidéos et de réseaux sociaux pour porter ce message vers les jeunes de son âge: entreprendre et ne pas avoir peur de l’échec. En cela il a tout gagné. Merci pour mes élèves.

– Bibliographie
Wilkinson DM, Blacker SD, Richmond VL, Rayson MP, Bilzon JL. Relationship between the 2.4 km run and multistage shuttle run test performance in military personnel. Mil Med. 2014 Feb;179(2):203-7. doi : 10.7205/MILMED-D-13-00291. PMID : 24491618.
Un test de course à pied couramment utilisé sur le terrain pour évaluer l’aptitude aérobie au sein des organisations militaires est la course à pied chronométrée de 2,4 km (1,5 mile).2
OTAN : Optimisation de la condition physique opérationnelle. Rapport final du groupe de travail 019.
Task Group 019. Rapport technique RTO. TR-HFM-080. 2009. RTO/NATO.
Disponible à l’adresse suivante : http://www.cism-milsport.org/eng/004_SPORT_AND_
SCIENCE/articles-and-pdfs/018-NATO-HFM-080_Final_Report_Jan_
09.pdf ; consulté le 8 juillet 2013.
L’armée britannique effectue généralement ce test sur les routes pavées et les pistes entourant le camp. Le test est relativement simple à administrer, ne nécessitant qu’un parcours balisé, un chronomètre et un personnel qualifié. Un parcours balisé, un chronomètre et du personnel formé pour coordonner et chronométrer les participants. Cependant, il n’est pas toujours possible de réaliser ce test dans les contraintes de l’environnement militaire en raison des limitations d’espace (par exemple, à bord d’un navire), des problèmes de sécurité (par exemple, dans l’environnement opérationnel) et de l’impact des conditions environnementales défavorables (par exemple, à bord d’un navire).
14. Burger SC, Bertram SR, Stewart RI : Évaluation de la course de 2,4 km comme prédicteur de la performance aérobie. S Afr Med J 1990 ; 78(6) : 327-9.
15. O’Donnell C, Smith DA, O’Donnell TV, Stacy RJ : Physical fitness of New Zealand
New Zealand Army personnel ; correlation between field tests and direct laboratory
seuil anaérobie et l’absorption maximale d’O 2. N Z Med J 1984 ; 97(760) : 476-9
Cette étude décrit la relation entre le temps de course de 2,4 km et la performance au MSRT britannique chez 156 recrues et élèves officiers de l’armée britannique. La course à pied de 2,4 km de l’armée britannique est une évaluation semestrielle de la condition physique des jeunes hommes. Un score de 10:30 min:s équivaut à un score MSRT de 82 navettes.
(niveau 10 et 1 navette) et pour les jeunes femmes de 13:00 min:s équivaut à 56 navettes (niveau 7 et 6 navettes) avec une ESE d’environ 8 navettes.
Rayson M, Holliman D, Belyavin A. Development of physical selection procedures for the British Army. Phase 2 : relation entre les tests de performance physique et les tâches de référence. Ergonomics. 2000 Jan;43(1):73-105. doi : 10.1080/001401300184675. PMID : 10661694.
Mais revenons à la France et le souci du médecin militaire qui doit éviter la casse lors de ce stage commando qui ressemble plus à une opération de non-casse que d’entraînement en situation extrême.
Les outils du médecin militaire français :
Suivi du surentraînement :
Pendant l’entraînement
Chaque semaine
Seulement pour cette première partie, s’il y a 4 points dans la zone rouge, le médecin militaire doit travailler avec les 54 questions du questionnaire SFMES (non disponible dans le publique car réservé aux médecins). En effet, le questionnaire SFMES (Société Française de Médecine de l’Exercice et du Sport) est un outil développé pour évaluer l’état de santé, les risques de surentraînement et les capacités de récupération des sportifs. Les 54 questions auxquelles il fait référence couvrent généralement plusieurs domaines liés à la santé et à la performance, notamment :
Le questionnaire SFMES avec ses 54 questions n’est pas disponible dans le domaine public et est souvent utilisé dans un cadre médical ou sportif spécifique. Ce type de questionnaire est généralement protégé par des droits de propriété intellectuelle, et son utilisation est réservée aux professionnels de santé ou aux entraîneurs ayant suivi une formation spécialisée.
En voici une idée cependant :
1. État général
- Ressentez-vous une fatigue constante, même après une nuit de sommeil ?
- Avez-vous des douleurs musculaires persistantes sans explication ?
- Avez-vous perdu du poids de façon involontaire ces derniers temps ?
- Avez-vous observé une augmentation ou une diminution inhabituelle de votre appétit ?
- Avez-vous des troubles digestifs (nausées, diarrhées) après l’entraînement ?
2. Performances sportives
- Avez-vous remarqué une baisse de vos performances récentes ?
- Avez-vous du mal à maintenir le niveau d’intensité habituel de vos entraînements ?
- Avez-vous des difficultés à terminer vos séances d’entraînement ?
- Ressentez-vous une lourdeur ou une fatigue dès le début de vos séances ?
- Votre récupération est-elle plus longue qu’à l’accoutumée ?
3. Indicateurs physiologiques
- Votre fréquence cardiaque au repos est-elle plus élevée qu’habituellement ?
- Ressentez-vous des palpitations ou un essoufflement anormal à l’effort ?
- Avez-vous des troubles du sommeil, comme des insomnies ou des réveils nocturnes ?
- Avez-vous une sensation de chaleur ou de fièvre après l’entraînement ?
- Avez-vous constaté une augmentation des blessures ou des maladies récentes ?
4. État psychologique
- Avez-vous des difficultés à vous concentrer au quotidien ?
- Vous sentez-vous moins motivé(e) pour vous entraîner ?
- Êtes-vous plus irritable ou nerveux(-se) que d’habitude ?
- Ressentez-vous une perte d’intérêt ou de plaisir dans votre sport ?
- Vous sentez-vous stressé(e) ou anxieux(-se) sans raison particulière ?
5. Récupération et hygiène de vie
- Dormez-vous moins de 6 heures par nuit en moyenne ?
- Est-ce que votre sommeil est non réparateur ?
- Consommez-vous plus d’alcool ou d’autres substances pour compenser la fatigue ?
- Mangez-vous de façon déséquilibrée ou sautez-vous des repas ?
- Ressentez-vous une soif inhabituelle ou des signes de déshydratation ?
6. Relations sociales et professionnelles
- Avez-vous des conflits ou des tensions accrues avec votre entourage ?
- Avez-vous des difficultés à équilibrer vos responsabilités professionnelles et sportives ?
- Ressentez-vous un isolement social croissant ?
- Avez-vous moins d’énergie pour interagir avec vos proches ?
- Avez-vous des pensées négatives ou des doutes sur vos capacités ?
7. Charge d’entraînement
- Avez-vous récemment augmenté votre charge d’entraînement (volume ou intensité) ?
- Effectuez-vous des séances sans planification ou sans objectif précis ?
- Respectez-vous des périodes régulières de récupération dans votre planification ?
- Entraînez-vous malgré des douleurs ou une fatigue excessive ?
- Vous fixez-vous des objectifs irréalistes ou trop ambitieux ?
8. Antécédents médicaux et blessures
- Avez-vous des antécédents de blessures ou de maladies qui influencent vos entraînements ?
- Avez-vous consulté un médecin récemment pour des problèmes liés à votre pratique sportive ?
- Prenez-vous des médicaments ou des compléments alimentaires spécifiques ?
- Avez-vous déjà souffert de surentraînement ou d’épuisement physique ?
- Avez-vous eu des douleurs inexpliquées lors de vos séances récentes ?
9. Environnement d’entraînement
- Entraînez-vous dans un environnement stressant (bruit, conditions climatiques, pression externe) ?
- Ressentez-vous une pression excessive de vos entraîneurs ou de vos proches ?
- Avez-vous des difficultés à adapter votre entraînement en cas de fatigue ou de contraintes extérieures ?
- Votre équipement est-il adapté à vos besoins et à votre pratique ?
10. Symptômes spécifiques
- Avez-vous des maux de tête fréquents après l’effort ?
- Ressentez-vous des crampes ou des tensions musculaires inexpliquées ?
- Avez-vous des troubles visuels ou des vertiges pendant ou après l’entraînement ?
- Avez-vous des tremblements ou des faiblesses musculaires ?
- Avez-vous une intolérance accrue à la chaleur ou au froid pendant l’effort ?
11. Bilan global
- Vous sentez-vous épanoui(e) dans votre pratique sportive actuelle ?
- Avez-vous des doutes sur vos capacités à atteindre vos objectifs ?
- Ressentez-vous une pression pour continuer malgré des signaux d’alerte ?
- Avez-vous un plan clair pour équilibrer entraînement et récupération ?
- Êtes-vous en contact régulier avec un professionnel pour suivre votre progression (médecin, coach, kinésithérapeute) ?
Ce que l’on peut en conclure c’est que le VO2max reste un pilier de la réserve d’endurance et de résistance et que la survie dépend de ce facteur aussi bien pour l’espérance de vie en bonne santé, que pour traverser une préparation dure qui sera un avant-goût du terrain et la théorie de « l’entraînement difficile, guerre facile » semble être en back office de la planification et des contenus d’entraînement. L’approximation, le doigt mouillé pour calibrer individualiser l’entraînement qui pense être compensée par un questionnaire en 54 questions …chrono, contraste avec la sophistication des armes. Cela ressemble aux image « vidéo » des soldats chair à canon Corréens qui doivent traverser en courant, un théâtre d’opération à découvert sous le feu des artilleurs et des drones.
Décidemment, il n’y a que des sales guerres et les jeunes préfèrent se concentrer au jour le jour sur ce qu’apporter les joies des réseaux sociaux et du sport.
Et comme je les comprends !
Et ce lundi on repars pour donner de l’énergie et l’envie d’apprendre ce VO2max qui est, oui, une question de vie ou de mort …
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