« Monsieur mon passé laissez-moi passer…

Quand le maximal lactate steady state resurgit par la FTP

J’ai le défaut de ma qualité de vivre dans l’instant de l’idée, de la sensation avec une projection à long terme et une intuition un peu futuriste sur l’essence même de mes recherches et de leur utilité. Lorsque j’interroge « Chat Gepetto » cet artisan qui fabrique la marionnette Pinocchio qui va permettre à tous mes étudiants de croire qu’ils vont réussir leur partiel de lundi 💪 il me révèle que :

« Véronique Billat peut être considérée comme une chercheuse physiologiste de l’entraînement avec une approche inspirée des processus markoviens, mais avec des spécificités propres à sa méthode.

1. Qu’est-ce qu’une approche markovienne en entraînement ?

Une approche markovienne en physiologie et en entraînement repose sur des modèles probabilistes où l’état futur d’un système (par exemple, la performance d’un athlète) dépend uniquement de son état actuel et non de l’historique complet des entraînements. Cela implique :

   – Des transitions d’état bien définies (ex. passage d’une zone d’intensité à une autre)

   – Des probabilités de transition mesurables (ex. probabilité de maintien dans une intensité donnée)

   – Une modélisation basée sur des chaînes de Markov (ex. optimisation de la variabilité de l’entraînement en fonction du temps passé dans différents états métaboliques)

2. Véronique Billat et l’entraînement basé sur la variabilité physiologique

Le travail de Véronique Billat repose sur :

   – L’alternance entre des phases d’intensité dans l’entraînement fractionné, permettant des transitions entre états physiologiques.

   – L’optimisation du temps passé au VO₂max, ce qui peut s’apparenter à un processus où l’état futur du coureur dépend fortement de l’état actuel d’oxygénation et d’engagement métabolique.

   – L’utilisation des dynamiques non linéaires et de la variabilité physiologique, qui rappellent l’approche markovienne en ce sens qu’elles se concentrent sur des évolutions d’état conditionnées par l’état présent.

3. Différence avec une approche strictement markovienne

L’approche de Billat dépasse une simple modélisation markovienne car :

   – Elle prend en compte la mémoire physiologique (adaptations à long terme du métabolisme et de l’endurance).

   – Elle intègre des boucles de rétroaction biologique qui ne sont pas purement probabilistes (ex. adaptations musculaires et cardiovasculaires influençant les performances futures au-delà de l’état instantané).

   – Elle met en avant l’équilibre-engagement-optimisation, qui repose sur un ajustement dynamique entre physiologie et motivation, et non uniquement sur des transitions probabilistes.

4. Conclusion

Véronique Billat utilise des principes qui peuvent s’apparenter à des processus markoviens (modélisation d’états métaboliques, transitions dynamiques entre phases d’intensité), mais son approche est plus riche, intégrant l’histoire de l’entraînement et des ajustements physiologiques complexes. Elle pourrait être vue comme une chercheuse appliquant une version enrichie et plus biologique d’un modèle de type markovien, intégrant des aspects de variabilité et d’adaptabilité qui ne sont pas strictement aléatoires.

Bon il est gentil Geppetto …mais cela ne m’a pas empêchée de me prendre un coup de rabot sur la tête à m’en faire décrocher les lunettes rouges de presbytes qui ne s’embête plus avec les détails.

Mes chers étudiants du cru 2025 et qui sont de la génération 2007 👩‍🦳,  après ceux de 2024 qui m’avaient interrogés sur inox tag et son Everest, m’ont cette fois ci demandé si Pocachar  était…dopé.

Bon c’est bien fait pour moi car je tente de les motiver em me défiant sur des questions existentielles de délit de sale performance (ou gueule) afin de les motiver sur l’importance de se coltiner un cours de physiologie en STAPS alors qu’ils étaient venu jouer au sport (je suis méchante car je n’ai plus de voix à cause d’eux et des micros qui ne fonctionnent pas en amphi !).

Ok je m’y mets donc en direct de calculer son VO2max à partir de son « Functional Threshold Power » (FTP) que j’avais méprisé jusqu’à en dénigrer l’existence mais qui me rattrape. Ce FTP (jusqu’alors FTP signifiait plutôt « Franc-Tireur Partisan » comme mon grand-père, Paul Billat) me renvoi au passé donc et me fais souffrir en cela que je suis en plein processus d’invention du présent et futur de l’entraînement en ce début d’année 2025.

La flemme de tout vous expliquer mais je vous jure que je me suis relu les 15 articles majeurs de FTP inventé par Andrew Coyle, fameux chercheur qui a travaillé sur le métabolisme du glucose dans les années 2000. Je passe la balle à Geppetto :

« Dr. Andrew Coggan le chercheur qui a publié des travaux sur le métabolisme du glucose et qui a introduit le concept de Functional Threshold Power (FTP) en cyclisme.

En 1989, il a co-publié une étude intitulée « Metabolism and performance following carbohydrate ingestion late in exercise », qui examine les effets de l’ingestion de glucides sur le métabolisme et la performance lors d’exercices prolongés.

Par ailleurs, le Dr. Coggan est largement reconnu pour avoir développé le concept de FTP, défini comme la puissance maximale qu’un cycliste peut maintenir de manière stable pendant environ une heure sans fatigue. Ce concept est devenu un pilier dans l’entraînement cycliste basé sur la puissance, permettant aux athlètes de déterminer des zones d’entraînement spécifiques et d’évaluer leurs performances.

Ainsi, le Dr. Andrew Coggan a apporté des contributions significatives à la compréhension du métabolisme énergétique pendant l’exercice et au développement de méthodes d’entraînement basées sur la puissance en cyclisme ».

Voilà son but était de se passer du test de détermination de l’état stable du lactate dont nous avons longuement parlé dans un blog de l’ASEP 2024 et qui était mon sujet de thèse en …1988, dont l’article de 94 est la synthèse ainsi qu’en français dans mon manuel de physiologie de l’entraînement (6eme édition en 2024).

Il a donc mis au point un protocole qui ressemble finalement au Rabit en plus alambiqué et surtout long, qui permet de construire ce fameux tableau commercialisé pour les entraînements de Zwift qui a fait un boom extraordinaire depuis le COVID avec même des championnats du Monde !

Le test FTP (Functional Threshold Power) est une méthode courante pour estimer la puissance au seuil fonctionnel, utilisée principalement en cyclisme et en course à pied pour ajuster les entraînements en fonction de l’intensité optimale.

🔹 Protocole du Test FTP (20 minutes)

Le test FTP standard consiste à maintenir un effort maximal soutenu pendant 20 minutes, puis à appliquer un coefficient pour estimer la FTP sur 60 minutes.

Matériel requis

  • Vélo avec capteur de puissance (ou tapis de course avec capteur de puissance si applicable).
  • Home-trainer ou terrain stable et régulier.
  • Cardiofréquencemètre (optionnel mais recommandé).
  • Logiciel ou compteur enregistrant la puissance moyenne (ex: Garmin, Zwift, TrainingPeaks).

Protocole détaillé

🔹 Échauffement (~20-30 min)

  1. 10-15 min de pédalage progressif à faible intensité (~50-60% de la FTP estimée).
  2. 3 × 1 min d’accélérations (cadence + puissance élevée) suivies de 1 min de récupération.
  3. 5 min à intensité modérée (~75% de la FTP estimée).
  4. 5 min de récupération active à faible intensité.

🔹 Effort maximal – 20 minutes

  • Objectif : Maintenir la puissance la plus élevée possible de manière stable sur 20 minutes.
  • Il est recommandé de ne pas partir trop fort pour éviter la baisse de puissance en fin de test.
  • Important : Garder une cadence stable (~85-95 RPM).

🔹 Retour au calme (~10-15 min)

  • 5-10 minutes de pédalage léger (~50% FTP) pour récupérer.

Calcul de la FTP

  1. Prendre la puissance moyenne des 20 minutes de test.
  2. Multiplier cette valeur par 0,95 pour estimer la FTP sur 60 minutes.

📌 Exemple : Si la puissance moyenne sur 20 min est 250W, la FTP est 250 × 0,95 = 237,5W.


Variantes

  • Test de 60 min : Le plus précis, mais très exigeant (FTP = puissance moyenne sur 60 min).

Interprétation des résultats

La FTP est utilisée pour définir les zones d’entraînement :

  1. Zone 1 (Récupération active) : < 55% FTP
  2. Zone 2 (Endurance fondamentale) : 56-75% FTP
  3. Zone 3 (Tempo, seuil aérobie) : 76-90% FTP
  4. Zone 4 (Seuil anaérobie) : 91-105% FTP
  5. Zone 5 (VO2max) : 106-120% FTP
  6. Zone 6 (Capacité anaérobie) : 121-150% FTP
  7. Zone 7 (Sprint, puissance max) : > 150% FTP

On peut louer le coté pratique du test (quoique long) et la libre gestion de sa puissance par le cycliste, mais s’étonner de son caractère finaliste qui consiste à donner comme indication d’intensité dans le test le % d’un FTP que l’on cherche pour le déterminer !

​Tadej Pogačar, l’un des cyclistes les plus performants de sa génération, affiche des chiffres impressionnants en termes de puissance. Son FTP (Functional Threshold Power), qui correspond à la puissance maximale qu’un cycliste peut maintenir sur une heure, est estimé à environ 415 watts, soit environ 6,32 W/kg, selon une analyse de ses données d’entraînement.

Le but de Coggan à travers ce test était de permettre d’estimer la puissance d’état stable maximal du lactate (mon WCL de ma thèse vielle de 38 ans..).

On peut dire que cette étude en démontre la possibilité et je vous livre le tableau traduit par mon bon Geppetto (pourtant bien Italien mais Polyglotte of course !)

Tableau 1. Paramètres déterminés lors du test incrémental, du protocole FTP20 et de l’état stable maximal du lactate. 🚴‍♂️🔥

ParamètresTous les cyclistesBien entraînésEntraînésP-valeurTaille d’effet (d)
Nombre de cyclistes (n)1587
V̇O2max (L/min)4,6 ± 0,54,8 ± 0,54,5 ± 0,40,2100,68
(mL/kg/min)62,3 ± 6,467,1 ± 3,957,5 ± 3,1>0,0012,76
Puissance aérobie maximale (MAP) (W)328,6 ± 30,3345,4 ± 20,4330,9 ± 39,00,3990,47
(W/kg)4,6 ± 0,44,6 ± 0,34,2 ± 0,30,0012,24
Fréquence cardiaque maximale (HRmax) (bpm)184,7 ± 7,2182,7 ± 6,8186,5 ± 7,50,3290,53
Test contre-la-montre de 5 min (TT 5-min) (W)331,9 ± 33,0330,1 ± 34,2333,9 ± 34,20,8360,11
(W/kg)4,5 ± 0,34,6 ± 0,34,3 ± 0,20,0291,27
FTP20 (W)251,7 ± 26,3257,1 ± 26,2245,6 ± 26,90,4170,43
(W/kg)3,4 ± 0,33,6 ± 0,23,1 ± 0,20,0012,19
(% de la MAP)74,3 ± 3,774,3 ± 3,974,4 ± 3,70,9810,01
(bpm)157,6 ± 10,1156,3 ± 8,2158,8 ± 11,90,6590,24
(% de la FCmax)85,3 ± 4,385,6 ± 3,985,1 ± 4,80,8330,11
État stable maximal du lactate (MLSS) (W)248,3 ± 25,0253,4 ± 20,6242,6 ± 29,90,4390,42
(W/kg)3,4 ± 0,33,6 ± 0,23,1 ± 0,30,0091,73
(% de la MAP)73,3 ± 3,273,3 ± 3,473,3 ± 3,20,9960,00
Concentration de lactate sanguin [La–] (mmol/L)4,1 ± 1,04,1 ± 1,04,0 ± 1,00,7230,19
Fréquence cardiaque (bpm)159,8 ± 9,8158,9 ± 4,3160,6 ± 13,10,7400,18
(% de la FCmax)86,5 ± 4,087,0 ± 2,286,1 ± 5,20,6670,23

Légende :

  • Données présentées sous forme de moyenne ± écart-type.
  • a = Test contre-la-montre de 5 minutes inclus dans le protocole d’échauffement.
  • b = FTP déterminé comme 95 % de la puissance moyenne du test contre-la-montre de 20 minutes.
  • bpm = battements par minute.
  • d = taille d’effet.
  • HRmax = fréquence cardiaque maximale.
  • L/min = litres par minute.
  • mL/kg/min = millilitres par kilogramme de poids corporel par minute.
  • MAP = puissance aérobie maximale.
  • W = watts.
  • W/kg = watts par kilogramme de poids.
  • [La–] = concentration de lactate sanguin.

En considérant que son FTP est à 80% de sa PMA son VO2max est de :

il aura bien un VO2max estimé de :

VO2max = 415 (FTP) * 1,2 * 11 mld’O2/w = 5478 mlO2/min

Soit pour son poids de 66 kg

Un VO2max relatif de 5478/66 = 83 ml.kg-1.min-1

On est en dessous des valeurs de  VO2max de 89 ml.min-1.kg-1 mais peut-être a-t-il une réserve de puissance importante entre son FTP, MLSS et sa PMA grâce à une tolérance lactique importante ; il faut dire que son ancien entraineur (il a changé depuis cette saison) est un co-auteur de Georges Brooks le grand maitre du lactate et de sa navette !.

Nous parlerons en saison 2 (la semaine prochaine), de l’entraînement de Pogacar et des conceptions de son ex-entraîneur avec une revisite du rôle du lactate que j’avais mis de coté comme un ex à qui on ne pense plus …ou presque.

En attendant essayer de faire votre FTP et donnez moi votre résultat!

et comparez à votre vitesse moyenne du Rabit.

Merci

2 réponses à “« Monsieur mon passé laissez-moi passer…”

  1. Avatar de Calixte
    Calixte

    Bonjour professeur, vous démarrez l’ année sur les chapeaux de roues, cette nouvelle saison des blogs de l’ aseps est haletante!😊
    Ma question est la suivante: comment avez-vous choisi la valeur de 6,3 w/kg à FTP pour Pogacar? Il semblerait que cette valeur ait été allègrement dépassée lors du Tour de France 2024, notamment au plateau de beille où on a partiellement le fichier Strava du bonhomme (sa puissance et son hr sont confidentiels) , la montée de 40 min se fait à une élévation de 1900m /h alors qu’ il y a un bon replat à 3km du but, qui fait baisser ce chiffre! Et on a quelques données complètes de coureurs qui avoisinent les 6,2/6,0 w/kg sur la montée mais qui sont à 4 minutes !!!!et pour ne pas plonger dans la nauséabonde suspicion, je ne rappellerai pas que la montée a été faite après 4000kj de travail ! Bon ceci étant dit il me tarde de vous retrouver dimanche, bonne semaine

    1. Avatar de Véronique Louise Billat
      Véronique Louise Billat

      merci Arnaud,
      cette valeur est celle communiquée par un collègue qui suit les données de ce cycliste ainsi que mes étudiants férus de ce cycliste mais n’hésite pas si tu en as d’autres de me les communiquer afin que j’y travaille bien entendu. Merci pour ton suivi et soutien arnaud!

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