Se faire confiance à 100% pour gérer son effort de facile au maximum est possible en vélo comme en course.

À l’heure où les montres connectées et les capteurs pullulent dans le sport, une question fondamentale refait surface : et si notre propre perception était l’instrument d’intensité le plus fiable ? Notre équipe a mené une étude unique auprès de triathlètes, mêlant course à pied et cyclisme, en leur demandant d’auto-réguler l’effort selon quatre consignes simples : facile, moyen, dur, sprint. La nouveauté ? Nous avons mesuré simultanément leur physiologie et leurs ondes cérébrales (EEG) pour la première fois pendant un effort auto-géré.
1. Lecture guidée du biplot ACP – La carte de l’effort

Ce graphique, appelé biplot d’Analyse en Composantes Principales (ACP), donne vie aux réponses du corps et du cerveau à l’exercice :
- Les points bleus : chaque combinaison de sport, phase et participant.
- Les flèches rouges : variables physiologiques ou cérébrales (FC, VO₂, EEG…)
- Les losanges noirs (centroïdes) : position moyenne de chaque sport ou phase.
Axe F1 (Progression de l’intensité)
Sur l’axe horizontal, les phases « facile » et « moyen » s’alignent à gauche, les phases « dur » et « sprint » à droite : la montée perçue de l’intensité correspond parfaitement à la montée physiologique. Les flèches des variables comme la fréquence cardiaque, le VO₂ et la ventilation sont toutes orientées vers la droite.
En clair : Le RPE (effort ressenti), même exprimé en termes simples, reflète fidèlement la réalité physiologique.
Axe F2 (Modalité – signature cérébrale et physiologique)
L’axe vertical sépare la course en haut (plus grande sollicitation métabolique et cardiovasculaire), du vélo en bas (moindre activation cérébrale).
- En course, les variables d’efficacité cardiaque et de VO₂ pointent vers le haut.
- En vélo, toutes les flèches EEG (delta, theta, alpha, beta) s’orientent vers le bas : moins d’activation cérébrale, plus d’économie neurale.
Donc : à même effort ressenti, le coût corporel diffère radicalement selon le sport, et le cerveau s’adapte !
2. Les bandes de fréquence EEG expliquées
Notre étude est la première à mettre en relation RPE auto-géré et EEG chez le triathlète en course et vélo.
- Delta (0.5–4 Hz) : fatigue centrale, récupération, sollicitation maximale du cerveau aux intensités extrêmes.
- Thêta (4–8 Hz) : gestion de la charge émotionnelle, réflexion, adaptation motivationnelle.
- Alpha (8–12 Hz) : relaxation vigilante, coordination mentale. L’alpha chute à l’effort intense : activation accrue.
- Bêta (12–30 Hz) : attention, concentration, anticipation. Le bêta grimpe surtout au sprint : le cerveau est « tendu » vers l’action.
Interprétation : en course, pour une même perception, toutes ces bandes EEG sont plus sollicitées qu’en vélo. Au sprint, elles explosent dans les deux sports. Le cerveau n’est pas spectateur, mais co-acteur de l’effort !
3. Implications pour l’entraînement
- Faites confiance à vos sensations : votre RPE simplifié traduit fidèlement l’effort réel, sans besoin de zones complexes ou d’applications. C’est une compétence scientifique, pas un simple « feeling ».
- Le vélo sollicite moins le cœur, le cerveau et le métabolisme à intensité égale. C’est pourquoi il peut servir d’outil de récupération ou d’entraînement complémentaire, en limitant la charge centrale.
- Coupez la musique en test ! La perception authentique se cultive dans le silence : notre étude a été menée sans distractions auditives pour que le cerveau vous parle vraiment.
4. Protocole à essayer : Devenez le chercheur de votre effort !
- Test Rabit en vélo et en course :
- 10 min allure facile, 10 secondes de sprint, 1 min récup, 5 min allure moyenne, 3 min allure dure.
- Notez vos ressentis, votre fréquence cardiaque, votre vitesse.
- Comparez le coût physiologique et cérébral entre les deux sports.
- Test enchaîné pour triathlètes :
- Rabit vélo suivi immédiatement d’un Rabit course à pied.
- Observez la modification de la perception et de la performance après la pré-fatigue du vélo.
Partagez vos expériences ! Toute grande avancée scientifique commence par la curiosité et l’expérimentation personnelle.

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