Ne vous fiez pas à votre cœur !

Non ce n’est pas un conseil pour ne pas se laisser « tomber en amour » mais pour vous libérer de ce regard inquiet que vous pourriez porter à votre magnifique cardio-GPS afin de contrôler que vous restez dans la bonne zone de FC !

Vous me direz que vous ne faites que suivre les indications de ces fabricants et autres prescripteurs scientifiques et médical.

Les « experts » ont la responsabilité de ne pas répéter ce qu’ils ont …appris, au risque de ne pas faire progresser les connaissances par défaut de prise de risque.

Finalement le progrès dépend de la prise de risque.

J’ai justement pris le risque (souvent dans ma vie d’ailleurs) de jeter un œil sur ce qu’il se passait VRAIMENT sur un marathon et de considérer le temps comme la dimension essentielle de l’effort (outre l’intensité).

C’est alors que l’on a pu constater dès 2000, sur ce premier marathon de Paris avec le K4 (à l’époque et c’était Bruno Léger, membre de l’Equipe de France qui avait accepté de se prêter à l’expérience), que la fréquence cardiaque de reflétait pas la consommation d’oxygène. Oui, car la vraie vie, celle de la course, n’est pas un test de VAMEVAL qui montre une jolie droite de régression en fonction de la vitesse. Non la FC suit surtout l’effet de la baisse du volume plasmatique sanguin en raison de la nécessité d’évacuer la chaleur endogène (je vous rappelle que nous avons un rendement énergétique de 25% d’énergie mécanique pour 75% d’énergie calorifique).

Cette « dérive cardiaque » ou « cardiac drift » en anglais, rend la FC infidèle à la VO2 au grand dam du physiologiste Fick et de son équation liant la VO2 et la FC.

J’ai d’ailleurs retrouvé une présentation d’un collègue grand cardiologue du sport Jean Claude Verdier, décédé il y a peu dans un accident de vélo (il était un fan de cyclisme), qui faisait état d’une de mes expérimentations pour convaincre les futurs médecins du sport, de l’importance de cette notion de « dérive cardiaque ».

Quand est-il des 6 marathons d’Emmanuel ?

Nous ne disposons pas de sa VO2 mais, comme la plupart d’entre nous, des données cardio GPS.

Pour cela amusons nous à examiner le ratio entre la fréquence cardiaque (en bpm) et la vitesse (en m/min) ce qui nous donne le nombre de battement cardiaque pour parcourir…1 mètre. : c’est « le coût cardiaque ».

Je vous rappelle que les deux meilleures courses sont la 6 et la 7, celle du milieu (la 1) est moyenne et les deux mauvaises sont la 5 et la 3.

Nous pouvons constater que plus la course est performante plus le coût cardiaque (CC) est faible (courbes violette et bleu). Le CC est < 0,75 battement/m pur la 6 et la 7 alors que pour la 1 il se situe entre 0,70 et 1 (en fin de course après le mur des 26em km) et pour la 2 et la 3, le CC s’envole jusqu’à 1,2 par vague avec une tendance à la hausse après le mur.

Sur la course 6 le CC a un profil moins variable et a même une tendance à la baisse en fin de course.

Si on s’amuse à analyser la FC en fonction de la vitesse de course (et non de la distance), toujours sur le marathon, on observe une droite qui baisse (contrairement à ce qu’il se produit dans un test de VAMEVAL).

Ciel ! ma physiologie Classique aide moi !

Désolée il faut accepter d’avoir la tête à l’envers et si cela peut vous soulager je peux vous dire que dans ces cas-là vous progressez dans la connaissance de la course 😌 !

Regardons les graphes de la relation vitesse et CC lors 5 courses de marathon de Paris faite par Emmanuel et surtout n’oubliez pas que ce n’est pas en fonction de la distance mais que nous avons pris toute la matrice de la vitesse et du coût cardiaque sans s’occuper de l’ordre des km.

Alors je vous laisse regarder et dites-moi ce que vous en pensez je vous donnerai mes remarques lors du prochain …Blog

Oui je sais je suis cruelle mais c’est pour le bien de votre sens critique !

Bon allez je suis gentille
Et vous dis tout simplement que les meilleures courses (les 6 et 7) ont une relation plate entre la vitesse et le CC ce qui révèle que la FC suit la vitesse et qu’il n’y a pas de dérive thermique sans doute en raison de bonne condition atmosphérique, d’une hydratation correcte mais aussi parce que, mieux entraîné, Emmanuel a couru plus vite sans dérive cardiaque avec une FC qui suit fidèlement la vitesse, notamment dans le « sprint » final. Si on lui avait mis un K5 on aurait pu constater que dans ce cas précis de course réussie, la FC suit la VO2.
Dans la course 1 (courue à 12 km/h) la FC s’envole et la vitesse chute :

Dans la course 7 (courue à plus de 15 km/h) : la vitesse et la FC sont en phase.

La morale de cette histoire est que le marathon n’est pas une affaire de cœur mais de réserve de vitesse car si vous avez une marge de sécurité par rapport à votre vitesse maximale tenue sur un 6 minutes ou 1500m, vous « chaufferez » moins et que vous ne subirez pas cet effet thermique sur votre accélération cardiaque.
Encore une fois, le marathon est une affaire de « gros muscle » et non de cœur !
Au fait continuez à mettre vos cardio GPS sans les contrôler en course mais seulement pour regarder voter course en biofeedback en suite afin de peaufiner votre « pacing » pour la prochaine fois.

Merci pour votre contribution et nous lancerons prochainement un nouveau protocole CERVO2max ouvert aux volontaires qui veulent donner leur corps à la science de …leur vivant et en tirer de précieuses connaissances sur votre profil énergétique et votre engagement cérébral à l’effort !

Citation: Billat, V.; Palacin, F.; Poinsard, L.; Edwards, J.; Maron, M. Heart Rate Does Not Reflect the %VO2max in Recreational Runners during the Marathon. Int. J. Environ. Res. Public Health 2022, 19, 12451. httconps://doi.org/10.3390/ ijerph191912451.

chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://publications.billatraining.com/publications/2022/ijerph19.pdf

La fréquence cardiaque ne reflète pas le %VO2max chez les coureurs récréatifs pendant le marathon.

Les physiologistes de l’exercice et les entraîneurs prescrivent des zones de fréquence cardiaque (entre 65 et 80% de la fréquence cardiaque maximale, HRmax) pendant un marathon parce qu’elles sont censées représenter des zones métaboliques spécifiques et le pourcentage de VO2max en dessous du seuil de lactate. La présente étude a testé l’hypothèse selon laquelle la fréquence cardiaque ne reflète pas l’absorption d’oxygène des coureurs de loisir pendant un marathon et que cette dissociation serait plus prononcée dans le groupe des coureurs les moins performants (>4 h). Tout en portant un système portable d’échange de gaz, dix coureurs d’endurance masculins ont effectué un test incrémental sur la route pour déterminer VO2max, HRmax et le seuil anaérobie. Deux semaines plus tard, les mêmes sujets ont couru un marathon avec le même dispositif de mesure des échanges gazeux et de la FC en continu. Le %HRmax est resté stable après le 5ème km (entre 88% et 91%, p = 0,27), ce qui n’était pas significativement différent du %HRmax au seuil ventilatoire (89 ± 4% vs. 93 ± 6%, p =0,12). Cependant, le % de VO2max et le pourcentage de la vitesse associée à VO2max (vVO2max) ont diminué pendant le marathon (81 ± 5 à 74 ± 5 % et VO2max et 72 ± 9 à 58 ± 14 %v VO2max, p<0.0001). Par conséquent, le rapport entre le %HRmax et le %VO2max a augmenté de manière significative entre le 5ème et le 42ème km (de 1,01 à 1,19, p = < 0,001). En conclusion, il n’est pas recommandé d’adopter un rythme en fonction des zones de fréquence cardiaque pendant un marathon. L’apprentissage de la relation entre les sensations de course pendant l’entraînement et la course à l’aide de la RPE est plutôt optimal.

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