Quand le record des 24h de dénivelé en course s’envole et remet à plat …

Les stratégies de course.

L’explosion du record du monde de dénivelé positive vertical peut suggérer que celui-ci est en devenir et qu’il est symptomatique d’un sport immature : le trail et ses records en tous genre (Mont Blanc, Everest…). Mais après tout le running est passé par ces phases avec des record de 24h piste, route et même un record des 30h sur tapis roulant (why not sauf que cela s’est terminé à l’hôpital avec une dialyse rénale en raison de la répétition des choocs écrasant les hématies !).

Mais je ne vais pas faire la chochotte en déclarant « cachez ce sein que je ne saurais voir » et déclarer que ce genre de défis est inutile car celui de miner les bitcoins qui restent à miner peut aussi le paraître avec son cortège de pollution en bit qui peuvent rapporter gros. Ici pas de fric, que des encouragements de potes acceptant de voir défiler 317 fois leur héros du jour et que des commentaires de blog qui vont tout de même pouvoir en tirer une analyse et des perspectives pour suggérer aux records « sérieux » (je plaisante), retransmis en direct, sponsorisés dans tous les sens, j’ai nommé celui du marathon, de coureur à la façon de  …cette alternance de « haut et de bas » !

Let’s go pour cette prise d’altitude en s’inspirant de ce record au sommet des Vosges qui permettent de trouver aussi des pentes sérieuse (passages à 50%) à des altitudes compatibles avec l’expression pleine et entière des qualités de puissance musculaire, d’endurance et de résistance avec une belle gouvernance pour la gestion sur 24h.

Le tableau 1 compare les records de 24 h vertical (ancien vs. le nouveau).

J’ai fait bosser Gepetto en lui posant les bonnes questions avec les éléments clefs.

Je vous laisse lire les conclusions et j’ai poussé l’audace jusqu’à lui demander de me proposer la même stratégie de record que ce découpage intermittent et il me la fait le bougre..

Mais Gepetto ne va pas encore courir à notre place et il reste à savoir qui aura l’audace de tenter cette…tentative de record intermittent : chouette voici une idée de nouveau record…

Pour ceux qui s’ennuieraient cet été ! sur la plage !

Au fait existe-t-il un record de course avec de l’eau jusqu’au genoux et pleine de méduses ?

Tableau 1. Comparaison détaillée entre les deux records du monde des 24 h vertical (Mougel vs Nonorgue), incluant pente, nombre d’allers-retours, distance, et vitesses ascensionnelles.


Analyse physiologique et stratégique

🔹 1. Longueur de la pente : 66 m vs 95 m

  • La pente plus courte (66 m) permet des montées plus rapides (~4 min) et donc des efforts intermittents permettant de courir à 90% de la puissance maximale aérobie.
  • En comparaison, une pente de 95 m implique des efforts plus longs (~7–8 min) qui ne permet pas autant d’engagement en terme de puissance.

🔹 2. Fréquence de récupération

  • Avec une pente de 66 m, 317 descentes = 317 phases de récupération active supplémentaires par rapport aux 196 descentes chez Nonorgue.
  • Chaque descente offre une fenêtre de réoxydation du lactate et de resynthèse de la PCr, ce qui stabilise le métabolisme anaérobie et permet de maintenir une cadence plus élevée sur la durée.

🔹 3. Vitesse ascensionnelle

  • Mougel maintient 1000 m/h pendant 12 h, puis ~750 m/h — soit une moyenne de 880 m/h sur 24 h, contre 782 m/h pour Nonorgue.
  • L’écart est physiologiquement plausible si les segments de montée sont assez courts pour ne pas déclencher une dette lactique excessive, donc plus faciles à répéter sur 24h.

Conclusion

La réduction de la longueur de la pente (66 m vs 95 m) transforme l’effort en une séquence d’intervalles plus court réalisés à plus haute puissance avec davantage de moment de récupérations actives :

PhaseDurée estiméeMétabolisme sollicité
Montée (66 m)3,96 minPCr dominant,90% VO2max  et moins de lactate
Descente (66 m)2–3 minRéoxydation du lactate + VO₂ stable

→ Cette stratégie optimise les réserves anaérobies alactiques (PCr), stabilise le lactate, et respecte le modèle énergétique cyclique validé par Essen et al.

Analyse comparative avec le 24 h sur piste

1. Distance totale parcourue

  • Sorokin (piste) : 319,6 km à plat, sans dénivelé.
  • Mougel (vertical) : seulement 96 km horizontaux, mais 21 134 m D+ cumulés.
  • Cela signifie que l’effort est plus mécanique sur piste (impact + cadence), mais plus métabolique et intermittent en vertical.

2. Nature de l’effort

  • Sorokin court à vitesse constante (~13,3 km/h) sans pause ni changement de rythme.
  • Mougel alterne effort en montée (66 m de D+ toutes 4 minutes) et récupération (descente) → modèle court-court.

3. Régulation énergétique

  • Sorokin utilise principalement le métabolisme aérobie stable, avec une faible part de PCr et peu de phases de récupération.
  • Mougel mobilise la créatine phosphate en montée et bénéficie d’une resynthèse lors des descentes, selon le modèle de Essen et al.

4. Fatigue neuromusculaire

  • Piste : usure cumulative (ischio-jambiers, mollets, fascia), usure monotone.
  • Vertical : alternance des groupes musculaires (quadriceps excentriques en descente, fléchisseurs en montée), donc moins de saturation continue, mais plus explosive et technique.

Conclusion

La progression du record du 24 h vertical repose sur l’intelligence biomécanique et métabolique du modèle d’interval training :

  • Montées très courtes ≈ effort alactique,
  • Descentes fréquentes ≈ récupération active,
  • Moins d’accumulation de lactate,
  • Meilleure préservation de la performance sur 24 h.

Voici le graphique de la stratégie pour courir un marathon en 1h55 :

  • 🔵 Alternance : 2,5 min à 25 km/h / 1,5 min à 17 km/h
  • ⚫ Ligne grise : vitesse moyenne cible de 22,0 km/h
CritèreStratégie courte-courteStratégie constante
Vitesse moyenne visée21,1 km/h (objectif 1h50)21,1 km/h (objectif 1h50)
Structure d’effortAlternance effort/récupération (intervalles courts)Effort continu sans variation
Exemple de séquence2,5 min à 24,5 km/h / 1,75 min à 18 km/hAllure stable de 21,1 km/h sur 42,195 km
Substrats énergétiques dominantsPhosphocréatine + glucidesGlucides + oxydation des lipides
Production de lactateRéduite grâce aux récupérations fréquentesPlus élevée si proche du seuil anaérobie
Rôle de la phosphocréatine (PCr)Utilisée pendant l’effort / resynthèse durant la récupérationUtilisée en début d’effort / épuisement progressif
Objectif physiologiqueMaintien du VO₂ élevé avec faible lactateÉconomie de course et endurance musculaire
Risque de fatigue centraleModéré : récupération intermittente intégréeÉlevé : accumulation progressive de fatigue
Stratégie d’entraînement recommandéeEnchaînements à intensité variable (fartlek structuré)Allures spécifiques + travail de seuil prolongé

2 réponses à “Quand le record des 24h de dénivelé en course s’envole et remet à plat …”

  1. Avatar de David
    David

    Bonjour, pourrions nous avoir ce type d’analyse sur les records de kmv versus 10 km? Et comment profiter de l’analyse précédente pour s’entraîner battre son propre record en km vertical?
    Merci beaucoup pour tous ces sujets abordés qui ouvrent la voie des possibles.

    1. Avatar de véronique louise Louise Billat

      Parfaitement
      Excellente idée 💡 David
      Je vais m’y atteler si tu me donnes le max d’infos sur le km vertical actuel et passé
      Merci

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