Quel VO2max pour poser ses pieds sur le toit du Monde ?

Cette semaine nous accueillons un nouveau membre, Frédéric qui revient tout juste de l’Everest.

C’est l’occasion de redonner un éclairage concernant les qualités requises et le rôle du VO2max pour y parvenir avec le « moins » de risques possibles !!

Tout d’abord j’ai eu l’occasion de préparer une journaliste de talent, pas du tout sportive, qui a décidé de gravir l’Everest à plus de 40 ans.

Elle relate son expérience et sa préparation dans un de ses livres qui est très intimiste et réaliste dont le pitch est le suivant :

« Nathalie Lamoureux s’est lancée dans un voyage extraordinaire avec « L’Everest à la folie ». Ce récit passionnant nous plonge dans sa quête incessante du plus haut sommet du monde, l’Everest. Pour Nathalie, la montagne n’était pas seulement un rêve lointain, elle est devenue une obsession qui l’a accaparée pendant cinq ans. Bien que relativement novice en matière d’alpinisme, elle a repoussé ses limites, refusant d’accepter la défaite. Sa détermination, sa force mentale et sa concentration inébranlable l’ont finalement conduite à conquérir le sommet.

Elle raconte dans un article :

« Ce n’est pas un secret de polichinelle. J’ai une attirance quasi obsessionnelle pour les défis ultras longs et ultra hauts. Lorsque je me suis lancée, il y a six ans environ, dans la course à pied XXL, j’ai inauguré avec le mythique Marathon des Sables. Pour moi, c’était le symbole de l’inaccessible, le truc tellement grandiose que seule une foi infaillible permet de franchir le pas. Ma participation, en juin 2006, à l’expédition scientifique Mont-Blanc Oxygène de Véronique Billat, puis ma rencontre, en 2007, avec l’alpiniste Marc Batard, roi des ascensions en solitaire via des itinéraires de difficultés extrêmes, m’ouvriront les portes d’un autre domaine inaccessible : celui de la très haute-altitude. Quatre ans plus tard, je gravissais un 8000 mètres, cette limite rouge de notre monde appelée aussi « zone de la mort » et que personne ne devrait dépasser. Le danger fait partie de l’épreuve qu’il faut souvent subir pour espérer atteindre l’idéal que l’on s’est fixé. Je vous rassure, je n’ai aucune tendance suicidaire et jamais je n’irai risquer ma vie pour un tas de cailloux.  Pourquoi aller sur l’Everest alors ? »

La suite dans cet article :

http://cybernette.over-blog.com/article-premier-8000-metres-sans-oxygene-sur-l-everest-face-tibetaine-53581114.html

Ce que je peux vous dire c’est qu’elle avait un VO2max <40 ml/min.kg et que je lui ais faits passer la barre des 45 ml/min.kg sans pour autant atteindre des sommets !

Pour la préparer sans lui imposer des séances de vélo et de course incompatible avec son mode de vie et ses envies, j’ai considéré que :

  • A 8848 m il n’y a que 20% de la pression inspirée en oxygène du niveau de la mer donc votre VO2max tombera également à 20%
  • A partir de 7000m tout effort devra être intermittent
  • Le coût énergétique du pas en montée dans la neige avec crampon devra être pratiqué avant en entraînement car nous avons démontré dans notre expé mont blanc qui a d’ailleurs permis à Nathalie de « découvrir » la montagne !! (Pure parisienne plus entrainée à faire la fête que de marcher dans la nature et encore moins en montagne !

chrome-extension://efaidnbmnnnibpcajpcglclefindmkaj/https://publications.billatraining.com/publications/2009/billat_mountaineering_experience_decreases_net_oxygen_cost_in_climbing_montblanc_pdf.pdf

  • Qu’il fallait donc lui conseiller un entraînement développant sa capacité « anaérobie » (glycolyse et créatine phosphate).
  • Tout l’entraînement fut réalisé sur la tour Eiffel et dans els escalier de Montmartre, ce qui à l’époque avant la mode de la préparation aux trails, était pour le moins saugrenu à Paris !
  • En effet, j’avais eu l’occasion de mesurer le rendement énergétique de la montée d’escalier sur les 2 étages de Eiffel à la fin des années 90 (rapport VO2/puissance mécanique).
  • Il faut avoir à l’esprit que le coté Népalais est dangereux en raison de la cascade de glace alors que le coté Tibétain est exposé aux vents violents sur une longue crète à plus de 7000m.

Cette année, donc, se sont retrouvé à la fois Frédéric et Marc Batard qui ont contribué à équiper une voie alternative, à la cascade de glace et surtout plus sûre, et un Youtubeur à 3 Millions d’abonnés qui a passionné mes étudiants de 1ere année STAPS avec lesquels j’ai dû composer pour leur enseigner l’équation de Fick grâce au manque d’oxygène et l’Everest de Inox Tag qui, de toutes les façons, avaient moultes bouteilles d’oxygène lui permettant de rester physiologiquement à 7000m !

Mais le mystère demeure.

On avait estimé le VO2max de Inox Tag à 52 ml/min.kg en visionnant ses capsules YouTube d’entraînement où il réalise un semi-marathon en 2h sans être essoufflé donc 10 km/h en dessous de son second seuil ventilatoire donc une VMA de 15 km/h au maximum ! soit environ 15*3,5 (coût énergétique moyen en mlO2.kg-1.min-1.m-1.h ) = 52,5

MERCI INOXTAG je n’ai jamais eu autant d’attention de mon amphio de L1 STAPS que lorsque j’ai révélé ton VO2max à la suite de quoi ils ont tous voté pour toi et ta réussite sur laquelle ils ont misé leur note en physio !

NON je blague, les notes de physio on en reparlera une autre fois !!!! merci Parcoursup !  

Donc Frédéric qui est professeur de mathématique en ..breton n’a pas déposé le drapeau bretons sur le toit du monde mais a ouvert un début de route pas pour celle du Rhum mais celle de la glace que grâce à lui les candidats au sommet du monde, n’auront pas à affronter.

Merci Fred, Merci Marc (tient au fait lui aussi a la même VO2max que InoxTag mais il a 73 ans et non 23 ans !)

Je rappelle que Marc Batard détient toujours le record de l’ascension de l’Everest en moins de 24 h sans oxygène coté Népalais en plus et SEUL !

A présent il transmet son expérience et sa prudence aux générations suivantes car trop de morts ne redescendent jamais de l’Everest !

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